Semaine de l’égalité des sexes : exorsexisme

24 septembre 2021

 

Vous avez peut-être remarqué dans les images de cette semaine que nos visuels ont incorporé les symboles de Mars et Vénus, souvent utilisés comme icônes pour les hommes et les femmes, respectivement. Vous avez probablement aussi réalisé qu’ils n’étaient pas seuls, se trouvant à côté de deux symboles dont vous n’étiez probablement pas très familiers : ceux de Mercure et le sulfate de fer. Ces deux symboles, étranges et toujours là, dans un silence mystérieux; qu’essayent-ils de vous dire?

Ce que vous n’avez probablement pas remarqué c’est que jusqu’à présent, nous avons seulement parlé des hommes et des femmes, presque toujours en juxtaposition. Pourquoi l’auriez-vous remarqué? N’est-il pas normal de parler des deux sexes lors de la Semaine de l’égalité des sexes? De qui d’autre est-ce qu’on parlerait? C’est exactement ce qu’on explore aujourd’hui.

Commençons à définir notre sujet : l’exorsexisme est un système d’oppression très similaire à l’hétérosexisme ou le cissexisme, des systèmes dans lesquels on procède sous le principe qu’il y a une caractéristique personnelle de défaut qu’on considère comme étant normale et qui s’applique à tout le monde jusqu’à preuve du contraire, en quel temps, ces personnes deviennent aberrantes et créent de la friction avec notre compréhension du monde dans lequel nous vivons. Dans le système exorsexiste, la supposition est que chaque personne est soit un homme ou une femme, exclusivement. Le terme « exorsexisme » est dérivé de la fonction logique XOR. Le système retourne une valeur positive seulement lorsque quelqu’un est seulement un homme OU seulement une femme. Si quelqu’un est les deux, ou aucun, ou quelque chose d’autre, le système retourne une valeur fausse.

La réalité est beaucoup moins simple que ça. Certaines personnes ne sont ni un homme, ni une femme; d’autres sont les deux. Certains sont une troisième chose ou peut-être une quatrième. Certains sont partiellement des hommes, mais pas complètement. Et encore d’autres ajoutent une autre variable; étant de genre fluide ou évoluant, changeant de valeurs avec le temps. Le sexe n’est pas une dichotomie; on n’est pas tous exclusivement un homme ou une femme. 

Pour ceux qui sont confus, aujourd’hui nous parlons des personnes non binaires. (Et non, malheureusement pour ceux qui ont mal lu le titre, on ne parle pas de fantômes ou d’exorcisme.)

Les personnes non binaires font face à d’énormes inégalités dans la société canadienne. La plus grande barrière à laquelle ils font face est l’invisibilité (peut-être qu’on parle de fantômes après tout). Il n’existe presque aucune recherche statistique ni aucun recensement des personnes non binaires au Canada. Même lorsqu’on fait des recherches portant sur les personnes non binaires, c’est d’habitude des recherches englobant aussi les personnes transgenres et/ou allosexuelles* binaires. C’est en fait le cas, même avec le seul projet de recensement qui existe, le projet Trans PULSE Canada de l’Université Western, Unity Health Toronto, et les instituts de recherche en santé du Canada. En plus, ils ne sont pas très présents dans les médias ou l’espace public canadien; leur invisibilité est assez forte que le fait d’inclure les personnes non binaires est plus remarquable que le fait de ne pas les inclure. 

Ceci dit, ce qu’a révélé le travail de Trans PULSE c’est que l’invisibilité n’est qu’une barrière pour les personnes non binaires. Malgré le fait d’être mieux éduquées (23 % des personnes non binaires ont des diplômes professionnels ou de cycle supérieur, comparé à 9,5 % de la population générale), les personnes non binaires sont plus nombreuses à vivre dans des situations à faible revenu (42 %), de souffrir de maladie mentale (5 2%), d’avoir eu des idées suicidaires dans la dernière année (31 %), et de n’avoir pas pu satisfaire un ou plusieurs besoins de santé dans la dernière année (52 %).

Les personnes non binaires sont aussi très à risque de violence : dans les cinq derniers ans, 70 % disent avoir été victimes de harcèlement verbal, 50 % de harcèlement sexuel, et 30 % d’aggression sexuelle.

Même avec très peu de statistiques et d’informations concrètes sur les personnes non binaires au Canada, il est clair que les inégalités entre les sexes n’existent pas seulement entre les hommes et les femmes. Si nous voulons réussir à faire du Canada un pays où tout le monde est égal, peu importe leur sexe, il faut prendre le temps de reconnaître l’existence et les besoins de la communauté non binaire pour qu’on puisse défaire les inégalités dont ils et elles font face.

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