Femmes en milieu rural et violence conjugale

9 décembre 2021

Isolement social, peu de transports en commun et de logements abordables, précarité financière, armes à feu : les facteurs de risque de violence conjugale sont nombreux en milieu rural. Voilà les constats d’un article publié cette semaine par CBC (anglais seulement). L’article souligne une réalité rarement examinée : pour trop de femmes, vivre en milieu rural n’est pas sécuritaire. Depuis les années 1970, 23 femmes ont été victimes de féminicides dans un contexte de violence conjugale dans la communauté de Renfrew, en Ontario, où on compte moins de 10 000 personnes.

Même si on en parle peu, la violence en milieu rural est une réalité : « En 2018, les femmes et les filles des régions non urbaines représentaient 16 % de la population des femmes au Canada, mais environ 34 % des victimes de fémi[ni]cides en général. » (Observatoire canadien du fémicide pour la justice et la responsabilisation)

Les facteurs cités plus haut en plus du manque d’accès aux services sociaux et d’urgence et les difficultés liées à la confidentialité et à la vie privée (c’est-à-dire le manque d’anonymat) contribuent également à cette vulnérabilité. « Les services aux femmes, plus facilement accessibles en milieu urbain et mieux financés, se font plus rares en contexte rural. Par exemple, les femmes doivent souvent parcourir de longues distances pour avoir accès à des services d’urgence ou de soutien, et les transports en commun sont généralement inaccessibles. De plus, dans de nombreuses régions éloignées, les services, surtout en français, sont rares et ils sont souvent offerts dans des lieux publics peu appropriés (p. ex. centres commerciaux, arénas, bibliothèques). Des obstacles existent également quant à l’accès à la justice, notamment en ce qui a trait au manque de formations offertes aux juges en matière de violence conjugale et au faible nombre d’audiences au tribunal. Ces facteurs ont des effets considérables sur la confidentialité et la sécurité des femmes. » Source : https://actionontarienne.ca/wp-content/uploads/2021/04/analyse-enjeu_tueries-masse_avril-2021.pdf

Nous profitons de cette actualité pour rappeler que la violence conjugale est présente dans tous les milieux, et que certains facteurs la rendent plus probable. Enfin, soulignons que l’imaginaire collectif, qui veut que la violence soit réservée aux milieux urbains, où on retrouve plus de populations racialisées, est foncièrement raciste et erronée. Notons aussi qu’au Canada, six des pires tueries de masse ont eu lieu en ruralité (population de 60 000 et moins).

Pour mettre fin à la violence conjugale, les particularités des femmes en contexte rural doivent être considérées.

 

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